samedi 21 mai 2011

La solitude


La solitude s’est emparée de moi aujourd’hui. Au Canada, la solitude a l’avantage d’être deux, à Sucre elle est bien seule, en moi. Sucre n’en est pas moi belle, peut-être l’est-elle même plus avec cette petite touche de mélancolie que je projette en elle.

Elle se déserte l’ancienne capitale, la fin de semaine venue, comme si son cœur chaud et gorgé de sang allait battre à la campagne. Sans pouls, elle devient un paradis de marcheurs. Du haut du mirador d’où j’écris, la brise est douce comme la main d’une amante dans les cheveux. Elle n’arrête jamais de sourire Sucre, à pleins rayons, comme pour masquer, oublier, sa tristesse. Comme pour apposer dans les creux de la peau des masques d’histoire millénaire. Elle est bleue et verte et blanche, très blanche la ville dans sa chaux épidermique ; son patrimoine en insulte du malheur passé, reproduit au quotidien dans l’injustice.

J’ai vu une femme, enfin, ce qui en restait, mendiant aux abords de la Plaza 25 de Mayo. Quechua d’apparats, elle n’avait plus de visage, à jamais laissé en jachère par la brûlure trop profonde qu’on lui avait imposée. Ses yeux n’existaient plus, qu’un film de peau en rideau sur l’existence. Dis moi maman, pourquoi pas rien au lieu de ça ? Mais elle sourit encore, la ville.

Et les chiens jappaient à mon passage. Une ville de chiens, Sucre. La vie à se prélasser dans la lumière, ils ne se réveillent qu’au fantasmes de mollets coureurs qui les narguent. Ils ont le sens de la décoration ces bêtes…

***

Au bout d’un blitz de trois ou quatre jours, j’ai finalement envoyé, à temps, le texte nécessaire à ma participation au congrès d’ethnohistoire auquel je sui inscris à la fin juin. Ça m’a bêtement épuisé, mélange de nombreuses heures de travail et de stress entretenu dans chaque réflexion, dans chaque mot écrit. Je ne suis pas allé aux archives ce matin. J’ai dormis. Aujourd’hui, je marche. J’écris.

P.S. Aussitôt que j’ai une meilleure connexion internet, je vous mets des photos.

P.S’ La réponse à la petite devinette littéraire d'il y a quelques jours est en bonne partie contenue dans cette nouvelle citation : « Courage, Ferdinand, que je me répétais à moi-même, pour me soutenir, à force d’être foutu à la porte de partout, tu finiras sûrement par le trouver le truc qui leur fait si peur à eux tous, à tous ces salauds-là autant qu’ils sont et qui doit être au bout de la nuit. C’est pour ça qu’ils n’y vont pas eux au bout de la nuit ! »

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