jeudi 28 avril 2011

L’aventure : Sables émouvants (part. 4/7)

Photo : Lindsey 



Dîner aux abords du salar. Petit Chardonnay/Sauvignon blanc (c’est les vacances, non ?), puis on reprend la route… Retour sur Sabaya. Inchangée. Nouvelle interrogation des locaux : Sajama, c’est par où ? Par Là. Là ? Là. Vraiment ? Oui. Ok ! Il y a une belle constance dans les routes que nous empruntons… disons qu’elles partagent la nécessité de conduire un véhicule robuste. Plus on s’enfonce dans l’isolement altiplanesque, plus les sentiers s’avèrent cahoteux, sablonneux, obstaculeux. Notre chemin de terre/sable, nous mène de pueblo en pueblo où Yeri, guide officiel de la fin de semaine, s’assurent auprès des locaux de la direction à emprunter. Je dois évoquer que depuis la veille déjà, avant Oruro, nous opérons sans signal GPS, bien entendu, mais que nous roulons également sur des routes qui sont absentes du matériel cartographique à notre disposition, d’où la nécessaire et constante enquête auprès des habitants que nous croisons. Dans le doute, on prend à gauche. C’est entendu.
I like the peace/In the backseat/I don't have to drive/I don't have to speak/I can watch the countryside/And i can fall asleep. Not ! Notre parcours, des plus excitant jusque là, s’intensifie à nouveau. Happé au détour d’un doute, Yeri décide de couper à travers champs. Vraiment. On a un 4X4, aussi bien en profiter. On coupe donc à travers champs. À droite.



 Photo : Andrea


Le trajet se fait conséquemment plus cahoteux, malgré le transfert du brun/beige/sable au vert gazonné. Le problème avec les déplacements cross-country est, en toute logique, l’absence de route. Cette particularité ne génère pas tant un inconfort qu’une absence de direction préétablie. Ceci peut, par extension, mener à, disons, certains obstacles.


Photo : Lindsey


Photo : Andrea 



Puisque notre positionnement nous isole de toute structure directionnelle humainement établie (alias route), la logique semble être de suivre les balises imposées par la nature elle-même. Nous décidons, un peu tacitement, de remonter le long du cours d’eau en espérant trouver une section suffisamment asséchée pour permettre notre passage. Assoupi au milieu du plat, un tel endroit semble s’offrir à nous dans le lit bien sec d’une rivière à proximité de notre emplacement. Peut-être pas si sec finalement…

Photo : Lindsey 



Si j’étais croyant, je dirais Dieu merci, Yeri avait pensé apporter une pelle au cas où de tels problèmes surviendraient. On se met au travail. Pelte, pelte, pousse, pousse. Pelte encore, pousse encore. La situation s’avère bien moins pire qu’un hiver montréalais, de sorte qu’au bout de quelques minutes, nous parvenons à nous extraire de la fâcheuse position dans laquelle notre enthousiaste témérité nous avait empêtrée.

Photo : Lindsey 



Photo : Lindsey 



Une fois le passage de l’obstacle accompli, tout ne va pas forcément pour le mieux dans le meilleur des mondes, car, comme dirait Ruben dans Ocean’s Eleven, « You’re still in the middle of the fuckin’ desert ! » Mais où aller ? On fonce, zigzaguant quelque peu au milieu de la végétation dispersée. On s’enligne vers le nord où, logiquement (théoriquement), la route pour poursuivre vers Sajama nous attend. Petites clôtures, fils électriques, il y a une odeur positive de civilisation qui laisse présager que nous sommes dans la bonne direction. La végétation apparaît moins dense, le sol est même plus plat, on sent se dessiner sur le court horizon ce qui semble être le profil d’un sentier, nous arrivons, ho shit, au milieu d’un champs de boue. We’re fuckin’ stuck. Deeply.

Photo : Lindsey 


Photo : Lindsey

Je n’avais jamais expérimenté le fait d’être embourbé dans la boue. C’est lourd la boue. C’est plein de racines la boue. C’est glissant (et salissant) la boue. Sort la pelle, on recommence. Je vous assure que pelleter à 4200 mètres d’altitude une matière plus pesante que la plus mouillée des neiges mouillées, c’est dur sur le système. Pour des raisons de condition physique, de santé et de simple force, c’est pas mal juste moi qui pelte (Yeri s’est fracturée la colonne vertébrale il y a de cela quelques années et il en subit encore à ce jour les conséquences, Karl était quelque peu malade et les filles étaient des filles ;)). Pelte, pelte, pousse, pousse. On spin dans l’beurre. Une demie heure, une heure, deux heures… le temps passe et l’on est toujours coincé au milieu de nul part. Yeri tente de joindre par téléphone quelqu’un qui pourrait venir nous aider. Où ? Environ à 20 minutes au nord ouest de Sabaya, au milieu d’un champ… Congé pascal et milieu de nul part obligent, personnes ne peut nous aider. Le soleil descend de plus en plus rapidement. Alors qu’il nous reste environ une quarantaine de minutes de soleil, la fatigue commence à se faire sentir et on commence à penser à une solution pour la nuit. Marché jusqu’à Sabaya ? pas vraiment. Dormir dans le 4X4 ? plus probable. Mais moi, je garde espoir. Après avoir essayé toute sorte de trucs (paille, sacs de toile, bouteilles d’eau), on sort les tapis caoutchoutés pour les glisser sous les roues, et l’expertise made in Québec s’impose alors. On réussi finalement à créer un parfait mouvement de balancier, et à quatre à pousser du plus fort que nous n’avons jamais pousser, on réussi finalement à se dépêtrer. Au bout de trois heures de dur labeur. À posteriori, mes compagnons de routes admettront qu’ils étaient convaincus que nous allions y passer la nuit. Étrangement, j’étais le seul à y croire encore…
Photo : Lindsey 


Photo : Lindsey 


Photo : Lindsey 


Photo : Lindsey

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