samedi 9 avril 2011

Les amoureux qui se bécotent sur les bancs publics et autres brèves


Conséquence sans doute partagée d’un niveau de pauvreté important et de traditions familiales et culturelles particulières, les enfants restent souvent chez leurs parents jusqu’à un âge élevé. Et considèrant le prix du logement, rares sont les appartements très spacieux autrement que chez les classes les plus élevées. Cela a pour résultat que pour faire du necking, mieux vaut prioriser l’anonymat de la foule que la place publique familiale. Et sur les milles plazas de La Paz, ça se chatouille goulument la glotte à coup de langues toutes adolescentes…

***

J’ai finalement rencontré Yeri cette semaine. Yeri est un collègue et ami de Geneviève qui fait son doctorat sur l’histoire de la Bolivie à l’Université du Wisconsin. Geneviève nous avait jadis mis en contact et la rencontre s’est finalement faite mardi passé. Quel chic type ce Yeri. Il est comme on aime les amis que l’on se fait dans le cadre des recherches : gentil, avenant, intelligent, très cultivé (et qui aime discuté), généreux et… plein de contacts boliviens. Habituez-vous, il risque de revenir à répétition dans mes histoires.

***

En compagnie de Yeri, de Carl (un ami de longue date de Yeri qui fait actuellement un stage dans un hôpital paceño. Carl après diverses études – philo entre autres – s’est lancé dans le droit. Il l’a pratiqué pour quatre ans, mais il déteste, il n’a jamais aimé en fait. Il a donc décidé de devenir médecin à l’âge de 32 ans et est en ce moment dans le processus d’admission. Plus discret que Yeri, c’est lui aussi un très chic type) et de Emery (une collègue de stage à Carl, gentille certes, mais un peu insignifiante...) je suis aller prendre un petit verre chez Abdul, un ami à Yeri. Abdul Volgenschmidt Azpiasu travaille pour le ministère du commerce international bolivien. Comme son nom l’indique, il est 100 % bolivien. Abdul, connaisseur de Scotch, amateur de bonne cuisine (pas de restos, il aime cuisiner), parle parfaitement anglais (avec un fond d’accent britannique, conséquence de son mariage à une expat de Manchester, c’est plutôt drôle), très bien français, un peu aymara et allemand. Son premier nom de famille vient de son grand-père maternel, un juif allemand ayant immigré avant la 2e Guerre mondiale. Son deuxième nom de famille est d’origine basque et remonte à son arrière-arrière-grand-père paternel ayant immigré à la fin du XIXe  siècle. Le père d’Abdul et son grand-père maternel n’avaient pas une très bonne relation. En fait, ils se détestaient. À la naissance d’Abdul (ou un peu avant, l’histoire ne le dit pas), son père a décidé de lui donné ce nom, un nom arabe, juste pour faire chier son beau-père juif. Je trouve cela très drôle !

***

Une très fine pluie tombe en ce moment sur La Paz, presqu’une bruine. Ça enveloppe la ville et les montagnes au loin, comme un filtre, comme une photo avec gros grain. C’est quétaine, mais ça lui donne un air mystérieux à La Paz. C’est beau.

***

J’ai découvert un endroit très spécial hier, la Gota del agua (il me semble que c’est ça le nom, quoi que je ne sache pas ce que veut dire Gota). Appelons cela un bar spectacle. Le décor, qui cherche à conférer l’impression d’une grotte, est d’un kitsch assez spectaculaire. La musique qui y est jouée (live) puise dans le répertoire traditionnel aymara, avec les danses qui l’accompagnent. Vers 1h-2h, quand la foule est réchauffée, la place se transforme en planché de danse et… tout le monde danse (pas moi, bien sur). Ce qui est fascinant, c’est que sur les 200 personnes présentes, à peu près, nous n’étions que quatre gringos. Tous des Boliviens, pour ne pas dire tous des Indiens. Malgré la première impression, c’est vraiment très typique comme endroit. Avec, vers 4h du matin, les femmes qui tentent de faire arrêter leurs maris de boire afin de partir, les hommes qui tombent en bas de leur chaises, à moitié comateux d’ivresse, etc. Charmant. J’ai, bien sur, bu ma vie et je suis rentré à 7h30h du matin, content de m’être acheter un litre de Gatorade la veille…

***

La Plaza Averoa, la place publique la plus près d’où je demeure, est, comme la plupart des plazas ici, un lieu de rassemblement pour les jeunes et les familles. Elle est toutefois un des rares endroits que j’ai rencontrés qui s’avère être un lieu de regroupement pour les adepte du rouli-roulant (quel drôle de mot). Un genre de Square Berri paceño. Petite pensée pour Montréal…



***

Parlant de pensée pour Montréal, bravo les Chaloupes. Bravo Alexis.

1 commentaire:

  1. Abdul a la meilleure histoire de nom, c'est génial, digne d'être racontée dans une nouvelle.

    RépondreSupprimer